Le métier de distributeur dans le cinéma ? Acheter des films et les accompagner pour qu’ils trouvent leur public. Plus de trois-quart des films distribués par Pyramide sont choisis sur script. Pour Eric Lagesse, son PDG, c’est donc scénario-first…
Un bon scénario, c’est un bon film ?
Le script ne ment pas. Un mauvais script donne rarement un bon film. Quand j’ai lu « Petit Paysan », j’ai été bouleversé, on sentait la personne qui écrivait investie dans son sujet et une manière de raconter. Le réalisateur, Hubert Charuel, n’avait fait qu’un court-métrage, plutôt bien mis en scène mais c’est le script qui nous a convaincus de nous engager en amont du tournage sur le film. Certains scénarios s’appuient davantage sur l’histoire, d’autres sur des intentions de mise en scène. Pour « Faute d’Amour » de Andreï Zviaguintsev, c’est moins l’histoire banale d’un couple qui se sépare que les intentions de mise en scène qui en font un grand film.
Quel que soit le parti-pris, cela reste le document de référence…
Des producteurs aux partenaires financiers, des agents aux acteurs… c’est le document que tout le monde partage. Une fois que le film est terminé, le scénario est dans le film.
Le distributeur assure la promotion et la sortie du film, une dimension commerciale qui intervient finalement très en amont…
Le système français fait qu’un producteur a toutes les peines du monde pour monter un film s’il n’a pas déjà un distributeur. Une partie de notre travail consiste donc à lire des scripts. Nous amenons un conseil, artistique et commercial, parce que nous sommes au contact des exploitants, donc du public. Nous intervenons au niveau du scénario, mais aussi en fin de montage… L’idée c’est de rapprocher le film au plus près du public afin qu’il marche le mieux possible.
Les attentes de la cible sont-elles toujours faciles à cerner ?
Nous avons distribué « Numéro Une » de Tonie Marshall. L’histoire de ce personnage qui devient la première femme à prendre la tête d’une entreprise du CAC 40 était un sujet important à défendre et qui nous tenait à cœur. Il a fait 200 000 entrées alors que nous en espérions le double. Je me suis rendu compte, avec le recul, que cette femme évoluait dans de trop hautes sphères pour que le public s’approprie cette histoire. Il aurait sans doute fallu qu’elle soit, par exemple, commerciale dans un monde d’hommes pour davantage toucher le public, pour qu’il se reconnaisse en elle…
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